mercredi 28 janvier 2015

Révisons l'oral... Stig Dagerman

Encore quelques mots pour vous rappeler le très beau texte de Dagerman.


   L'auteur suédois affirme ne pas pouvoir être heureux car il ne croit pas en dieu : sa vie sur terre est donc perçue comme une "errance absurde" vers la mort. 

    C'est pourquoi il recherche, "comme un chasseur traque le gibier", la consolation partout où il la voit : ce peut être un compagnon, une femme qu'il aime, la vue d'un "animal vivant et bien chaud". => On se rappelle que Meursault recherche aussi ce genre de consolations, sans les nommer, mais on sait qu'il est bien avec Marie, avec Raymond aussi.
   Rien dans sa vie ne peut le distraire de l'idée de la mort : un paysage de bord de mer lui rappelle que face à cette immensité, sa vie n'est qu'éphémère ; dans son salon, au coin du feu, tous les "objets pointus", le poids de la neige sur le toit, son sang même viennent lui rappeler que le sentiment de sécurité qu'il éprouve n'est qu'une mauvaise consolation de l'idée de la mort. 
    Ecrivain, il a connu la gloire, mais la gloire est devenue paralysante à présent. La seule chose qu'il aimerait savoir, c'est que ses mots "ont touché le coeur du monde". Mais il n'a pas cette consolation => c'est finalement assez proche de l'idée du divertissement pascalien. 
    Il observe que les hommes n'attendent rien de la mer, alors qu'ils attendent de lui qu'il écrive. Il revendique une liberté : "personne, aucune puissance, aucun être humain, n'a le droit d'énoncer envers moi des exigences telles que mon désir de vivre vienne à s'étioler". => C'est Meursault qui refuse de dire ce qu'on attend de lui, c'est Meursault dans sa colère finale. 
    Obligé de vivre parmi les hommes, il se demande s'il existe un lieu où "il est possible de vivre en liberté en dehors des formes figées de la société". Dans sa lutte contre le monde, Stig Dagerman reconnait que le monde est plus fort que lui : "à son pouvoir je n'ai rien à opposer que moi-même - mais d'un autre côté, c'est considérable". => puissance du refus qui rappelle la transfiguration finale de Meursault. 


"Telle est ma consolation. Je sais que les rechutes seront nombreuses et profondes, mais le souvenir du miracle de la libération me porte comme une aile vers un but qui donne le vertige : une consolation qui soit plus qu'une consolation et plus grande qu'une philosophie, c'est-à-dire une raison de vivre."




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