lundi 20 juin 2016

Pour réviser Alcools (1)

Quatre questions d'ensemble ont été retenues pour l'épreuve orale : le lyrisme, l'amour, la quête de soi et l'automne. Elles s'interpénètrent dans le recueil.

Sur le lyrisme 
Breton disait d'Apollinaire qu'il était "le lyrisme en personne, qu'il traînait sur ses pas le cortège d'Orphée".


Dans Alcools, le lyrisme exprime à l'aide d'images les sentiments du poète. Il est en outre constamment associé à la musique, comme dans la "Chanson du Mal-Aimé" où lyre rime avec délire :
Juin ton soleil ardente lyre
Brûle mes doigts endoloris
Triste et mélodieux délire
J'erre à travers mon beau Paris
Sans avoir le coeur d'y mourir 
Les thèmes du lyrisme peuvent être :
- la jeunesse perdue du poète : "A la santé"
- la fuite du temps : "Le Pont Mirabeau" avec un ton élégiaque qui fait écho au "Lac" de Lamartine dans l'image de l'eau pour évoquer temps qui passe.
- le renouveau attendu mais qui n'arrive pas est particulièrement à l'oeuvre dans "Mai" : depuis les poètes du Moyen Âge, le printemps est associé à la renaissance de la nature, propice à l'effusion lyrique. Ici les images heureuses de la nature sont ternies par des propos négatifs (cf lecture analytique).

"La Chanson du Mal-Aimé" est une sorte de point d'orgue du lyrisme, avec de motifs élégiaques traditionnels repris par Apollinaire : la souffrance pure ("Dans la cour je pleure à Paris"), l'errance malheureuse ("J'erre à travers mon beau Paris / Sans avoir le coeur d'y mourir") et la nostalgie de la femme aimée ("Et sur le pont des Reviens-t'en / Si jamais revient cette femme / Je lui dirai Je suis content").

Enfin,  signalons que dans la problématique tradition et modernité, Apollinaire joue avec un contre-lyrisme, une manière de renouveler le lyrisme :
- c'est par exemple l'intrusion du quotidien dans "les Cloches" où le lyrisme amoureux ("Mon beau tzigane mon amant / Nous nous aimions éperdument") se heurte à la boulangère ("La boulangère et son mari / Et puis Gertrude ma cousine / Souriront quand je passerai")
- ou encore des connotations sexuelles dans La Chanson : "Et moi j'ai le coeur aussi gros / Qu 'un cul de dame damascène".

Sur l'amour
Le sentiment amoureux est célébré dans la plupart des poèmes du recueil. Les inventions formelles du poète passent d'ailleurs grâce à cette thématique traditionnelle.
Voici plusieurs aspects de l'amour rencontré dans le recueil :
- la félicité amoureuse : "Les amoureux s'entr'aimaient / Et par couples aux belles bouches / Marchaient à distance égales". L'amour heureux est celui que le poète contemple en spectateur ou celui dont il se souvient mais qui n'existe plus : "Et nos baisers mordus sanglants / Faisaient pleurer nos fées marraines" dans "La Chanson du Mal-Aimé".
- l'amour malheureux se décline en plusieurs variations :
  • la souffrance dans "Zone" : "Tu as souffert de l'amour a vingt et trente ans" ou encore "Ces femmes ne sont pas méchantes elles ont des soucis cependant / Toutes même la plus laide a fait souffrir son amant".
  • la fausseté de l'amour : dans "la Chanson du Mal-Aimé", Apollinaire reconnaît "La fausseté de l'amour même". Signe de défiance du poète à l'égard de l'amour.
  • l'irréalité : "l'amour est devenu mauvais" dit le poète dans "Le Brasier". Pourtant  il cherche son ombre partout : dans "Clotilde" il commande "Passe il faut que tu poursuives / Cette belle ombre que tu veux". La même idée est exprimée dans "la Gitane ": "la tzigane savait d'avance  / Nos deux vies barrées par les nuits"ou encore dans "Signe" : "Une épouse me suit c'est mon ombre fatale".
  • enfin l'amour et la mort : dans "La Maison des morts", les couples amoureux sont composés de vivants et de morts. Ainsi l'amour n'est possible que le temps d'une parenthèse, celle de cette promenade : "Les morts avaient choisi des vivantes / Et les vivants des mortes". De cette union naît un sentiment de grandeur. Dans "La Chanson du Mal-Aimé", c'est tout le désespoir qui s'exprime au contraire : "L'amour est mort j'en suis tremblant".
Enfin, rappelons qu'Alcools est dominé par deux figures féminines : Annie Playden et Marie Laurencin qui ont toutes deux un poème à leur nom mais dont l'empreinte figure dans beaucoup d'autres. La section "Rhénanes", "L'Émigrant de Landor road" et "La Chanson du Mal-Aimé"pour Annie,"Le Pont Mirabeau" et "Crépuscule" pour Marie Laurencin.


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